Gymnastique inclusive à la FSG Le Lieu - Vallée de Joux

 Les 25 et 26 novembre 2022, la FSG Le Lieu-Vallée de Joux vivait sa soirée de gymnastique sur le thème des mythes et légendes. Pour les spectateur·trice·s, l’un des moments marquant du spectacle a été le numéro du groupe Mixtes 6-9 ans. Ce dernier accueille depuis quelques mois Miguel, un jeune gymnaste d’origine italienne, arrivé à la Vallée de Joux il y a quelques mois et qui vit avec le syndrome de la trisomie 21. Charline Sudan et Marianne Meylan, ses monitrices, nous parlent de cette expérience.

Comment se sont passés les débuts de Miguel ?

C : Il a simplement fallu prendre du temps pour bien expliquer la situation aux autres enfants du groupe. Pour la plupart – voire pour tou·te·s – c’est la première fois qu’ils·elles étaient confronté·e·s au syndrome de la trisomie 21 et nous avons pu observer qu’ils·elles étaient très craintif·ve·s. Nous avons pris un moment en début de leçon pour leur expliquer que ce n’est pas contagieux, mais qu’il s’agit d’une anomalie au niveau des chromosomes, sans entrer dans les détails – parler de biologie à des enfants de six ans n’étant pas aisé. Aujourd’hui, tout se passe bien, ce surtout depuis les soirées de gymnastique ! Les enfants jouent avec lui, les plus grand·e·s du groupe ou de la société le prennent sous leur aile et il participe à toutes les activités. À la soirée de gymnastique par exemple, en attendant que ses parents viennent le rechercher, il s’est beaucoup appliqué pour la mise en place des chaises.

Et la préparation de la soirée de gym ?

C : C’est Miguel qui a maîtrisé le plus vite la chorégraphie ! Comme il ne parle pas le français – c’est d’ailleurs pour cela que sa maman a souhaité qu’il fasse des activités extrascolaires, afin de baigner dans la langue – on ne pouvait pas faire autrement que de lui expliquer en faisant la chorégraphie devant lui, en « miroir » et il a très vite su répéter nos gestes.
M : Pour les engins par contre, ce fut plus compliqué. Il a peu de tenue du corps et de force. Nous devions beaucoup le porter, surtout pour atteindre le trapèze. Cela nous a demandé un peu d’adaptation et de revoir certaines parties de la production. Mais nous y sommes parvenues et au final, Miguel s’est éclaté et c’est vraiment l’essentiel !

Quelles ont été les principales difficultés ?

C : La semaine dernière par exemple, nous avons fait un entraînement au mini-trampoline. Il court, il monte sur le mini-trampoline, mais ne l’utilisera pas pour sauter. Mais au final, sa joie de faire cela est tellement belle à observer que cela nous suffit amplement.
M : Selon moi, c’est vraiment la langue qui est le plus difficile à appréhender, également dans les relations avec les parents. Ces derniers parlent également l’italien, la communication est donc compliquée. Ainsi, la situation de handicap n’est absolument pas une difficulté en soi, même s’il y a des soucis de motricité.

Qu’est-ce que ce cela vous a apporté ?

M : L’idée qu’un enfant en situation de handicap puisse faire partir de notre groupe, tout simplement. Tout le monde a énormément appris.
C : Et oui, c’est un apprentissage pour nous, les monitrices, car nous n’avons jamais eu d’enfants avec une difficulté quelconque auparavant – sauf peut-être l’hyperactivité. Mais également pour nos gymnastes, qui ont appris, à un âge très jeune, à collaborer avec un enfant dans la situation de Miguel. Je pense que c’est une réelle chance pour tout le monde.

Le moment le plus marquant depuis le début de cette expérience ?

Les deux : Les soirées de gym, sans aucun doute. Miguel était tellement fier de faire sa production et de montrer au public que lui aussi il savait et qu’il pouvait! C’était des moments très émouvants, qui nous ont donné les larmes aux yeux. Le public était enthousiaste à toutes les représentations, presque en « standing-ovation » pour le féliciter.

Propos recueillis par Chantal Reymond 
GYM n°132, journal de l'ACVG 

 

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